Au-delà des cultures et des traditions, la danse et le mouvement peuvent transcender les différences et témoigner de notre expérience humaine commune. Toutefois, tout au long de l’histoire du Canada, le gouvernement a imposé des règlements et des restrictions à l’expression culturelle des peuples autochtones. En 1876, lorsque la Loi sur les Indiens est entrée en vigueur, les traditions et les célébrations autochtones, y compris la danse, ont été interdites :
« tout Sauvage ou autre personne qui participe ou assiste à la célébration de la fête sauvage [...], ou à la danse sauvage [...], est coupable de délit et passible d’incarcération [...] et tout Sauvage ou autre personne qui encourage [...] à organiser ou célébrer cette fête ou cette danse, [...] est coupable du même délit [...] » (loi sur le potlatch, extrait de la Loi sur les Indiens)
Par la voie de la Loi sur les Indiens et des pensionnats indiens (des écoles administrées par le gouvernement fédéral qui ont appliqué la politique d’« assimilation agressive » du gouvernement canadien visant à endoctriner les enfants autochtones dans la « façon canadienne » tout en éradiquant leurs propres traditions), les peuples autochtones ont été légalement privés de leur musique et de leur danse. Et malgré de courageuses tentatives pour maintenir la tradition vivante, de nombreuses expressions culturelles ont été perdues à jamais. Il est important de réfléchir à ces actes flagrants de génocide culturel, qui ont débuté bien avant la Loi sur les Indiens et les pensionnats indiens et qui se sont prolongés bien après la fin de ces derniers.
Aujourd’hui, le campus de l’École nationale de ballet du Canada est situé sur le territoire traditionnel de nombreuses nations, notamment les Mississaugas de la rivière Crédit, les Anichinabés, les Chippewas, les Haudenosaunee et les Wendats. Ce territoire abrite maintenant de nombreux peuples diversifiés des Premières Nations, des Inuit et des Métis. Nous reconnaissons que Toronto est visée par le Traité no 13 établi avec les Mississaugas de la rivière Crédit (source : Ville de Toronto). Nous reconnaissons également que notre gratitude comporte un coût élevé pour les peuples autochtones.
Nous tenons à souligner que les descendants des Premières Nations qui ont vécu ici constituent une composante dynamique et essentielle de notre société d’aujourd’hui, et nous attachons une grande valeur à la possibilité que nous avons d’apprendre des peuples autochtones d’hier, d’aujourd’hui et de demain et de chérir leurs contributions.
Chaque fois que nous nous rassemblons sur notre magnifique campus ici à Toronto, que ce soit à l’occasion d’une courte visite ou au cours de nombreuses années alors que nous cultivons et développons notre talent et notre passion pour la danse, il est essentiel de prendre le temps de reconnaître que les gens ont vécu sur ces terres et ont pris soin de ces terres pendant des siècles bien avant qu’une école de ballet n’y soit érigée.
En tant qu’organisme de formation et établissement scolaire, nous avons à cœur d’éduquer l’ensemble de notre collectivité, et plus particulièrement nos jeunes, et de lui donner les moyens de réfléchir profondément, d’apprendre du passé et d’assumer un leadership dans la promotion de l’équité, la diversité et l’inclusion, non seulement en tant qu’individus, mais aussi par l’entremise de ce qui a le pouvoir de tisser des liens universels entre tous : la danse.